Le
respect d'autrui est avant tout une valeur qui permet à l'homme de
reconnaître, accepter, apprécier et valoriser les qualités et les
droits de ses semblables. Ce respect permet à la société de vivre
en paix au sein d'une convivialité saine, fondée sur des normes et
des institutions.
La lutte contre la violence
Au
milieu des années 1970, les gangs devinrent beaucoup moins
attrayants à cause du taux de mortalité élevé dans ceux-ci et de
l’arrivée de la culture hip-hop. Ainsi, Afrika Bambaataa, l’un
des plus solides piliers de ce mouvement et dont le surnom signifie
«leader affectueux» en zoulou, a vu certains de ses amis mourir et
son clan se dissoudre. Il décida alors de changer sa manière de
penser et d’agir. Il commença donc à utiliser son ancienne
influence de chef de gang pour instaurer un dialogue avec les jeunes
et les sortir de la spirale de la violence. Son idée était de
transformer leur frustration et leur rage en énergie positive,
orientée vers la création artistique. Pour cela, il devait leur
apprendre à désirer l’excellence, afin qu’ils puissent
repousser les frontières mentales de leur créativité. Au début,
il était le seul à penser pouvoir lutter contre la violence de
cette manière. Puis, cette lutte pacifiste s’est étendue grâce à
des artistes médiatiques, adeptes de la culture hip-hop. C’est le
cas de James Brown, chanteur et danseur connu à travers toute la
planète, qui a beaucoup contribué à la mondialisation de ces
nouvelles formes d’art, en diffusant le message positif du hip-hop
lors de ses voyages à travers le monde. Il participa aussi à
l’initiation des jeunes aux diverses techniques du mouvement.
"Unity" de James Brown et Afrika Bambaataa, 1984 |
De
nos jours, cette culture est cependant beaucoup associée à la
violence, au sexe et à l’arrogance. Néanmoins, cette image est
loin d’être dans ses fondements et de nombreux artistes en
témoignent. En effet, le rap qui, aujourd’hui est l’art le plus
confronté à la mise en scène des armes et de la violence, reste
une musique par nature d’espoir de jours meilleurs et de paix
universelle. Ainsi, contrairement à cette illusion que le hip-hop
peut dégager, cette culture est réfléchie et à visée positive.
KRS-One, rappeur américain et l’un des pionniers de la culture de
rue est donc à l’origine du mouvement «Stop the violence»,
littéralement «Stop à la violence», apparu dans les années 1980.
Né en 1965, ce rappeur a vécu une jeunesse difficile dans les rues
de Brooklyn et a décidé, en débutant dans le monde du rap, de
dénoncer la criminalité et ses conséquences sur la jeunesse
afro-américaine. Il prône des valeurs telles que le savoir, d’où
il tire son nom KRS-One, qui signifie «Knowledge Reign Suprem Over
Nearly Everybody» qui se traduit par «la connaissance règne en
maître sur presque chacun de nous», en opposition avec l’éducation
insuffisante qui domine dans les quartiers afro-américains et qui
incite généralement à la violence. Après s’être rallié à
l’univers de la Zulu Nation, ce nouveau mouvement pacifiste a donc
pris tout son sens et de nombreux rappeurs ont suivi cette idéologie,
tel que Gang Starr avec le titre «Moment of Truth», dans lequel il
déclare déposer les armes, qu’il ne juge que source de problèmes.
Ainsi, il est évident que le message initial de cette culture est le
respect des autres et cet art nécessite une ouverture d’esprit et
une réflexion.
«Moment
of Truth»
de Gang Starr, 1998
Cette
volonté de pacifisme est aussi un message récurrent dans le monde
du graffiti. C’est le cas pour le célèbre artiste de rue, Banksy,
dont sa réelle identité reste inconnue du public. En effet, il a
représenté une multitude de scènes qui dénigrent la violence et
l’usage des armes. Ainsi, l’une de ses plus célèbres
représentations fait écho à une scène du film "Pulp
Fiction", de Quentin Tarantino. Elle symbolise Samuel Jackson et
John Travolta pointant une banane au lieu d’un pistolet. Le message
est clair: le commerce des bananes est plus contrôlé que celui des
armes.
"Pulp
Fiction version banane" Banksy, Londres 2007
- De même, une autre de ses œuvres significatives met en scène un homme au visage à demi masqué qui lance des fleurs en direction d’un ennemi inconnu. Le désir de vivre dans un monde non violent se dénote donc de manière frappante et ces œuvres marquent la volonté de toucher un grand public.
"Émeutier au bouquet de fleur" Banksy, Londres 2011 |
De
plus, cet artiste est loin d’être le seul à exprimer sa
détermination à exister dans un monde meilleur: des artistes moins
connus tels que Toven, dépeignent eux aussi leur engagement à
travers leur art. Son œuvre «Mr. Baltimore» est une illustration
concrète du combat mené par de nombreux graffeurs pour la paix
universelle.
"Mr. Baltimore" Toven, 2012 |
Le
monde hip-hop est donc engagé activement pour vivre dans un monde
pacifiste, à la recherche de nouvelles solutions pour répondre aux
conflits.
L'engagement contre la guerre
La
lutte contre les guerres dans le monde est dans la continuité de
l’idéologie pacifiste de la communauté hip-hop.
De
nos jours, ce message est diffusé grâce à des actions comme «The
Hip-Hop Declaration of Peace», soit «La Déclaration de Paix de la
Communauté Hip-Hop». En effet, le 16 mai 2001, le projet de la
déclaration de paix a été présenté à l'Organisation des Nations
Unies. Elle a ainsi été signée par des organismes tels que Temple
of Hip Hop, Ribbons International, UNESCO, des militants et pionniers
de la scène hip-hop et des délégués des Nations Unies. Ce
document admet que ce mouvement est une culture de paix mondiale et
de prospérité. De plus, elle se doit d’intervenir pour assurer la
paix dans le monde. Le hip-hop est ainsi présenté comme une force
positive, libéré de toute violence. Il se doit aussi de favoriser
le bien-être de l’individu en se basant sur des valeurs telles que
l’amour, la prospérité et la paix. Un artiste de rue doit donc
pousser au bon développement de la vie et ne doit pas la détruire.
De plus, il doit défendre et diffuser le message de paix, ainsi que
ne pas participer à des activités qui mettraient en risque son
pacifisme. La culture hip-hop doit donc rejeter tout comportement de
violence et ne l’employer qu’en cas d'autodéfence.
KRS One, Pop Master Fabel, Afrika Bambaataa et Harry Allen sont quelques uns des acteurs qui ont participé à la création de cette Déclaration. Ainsi, la diversité des personnalités ayant signé ce pacte marque bien une volonté étendue de promouvoir la non-violence au sein de la communauté hip-hop.
KRS One, Pop Master Fabel, Afrika Bambaataa et Harry Allen sont quelques uns des acteurs qui ont participé à la création de cette Déclaration. Ainsi, la diversité des personnalités ayant signé ce pacte marque bien une volonté étendue de promouvoir la non-violence au sein de la communauté hip-hop.
"The Hip-Hop Declaration of Peace", 2001 |
La lutte contre la guerre s’étend en France grâce à des artistes pionniers du rap français, tel que MC Solaar. En effet, ce message pacifiste se retrouve dans plusieurs de ses chansons, dont «Arkansas», qui discrédite les armes à feu et leur usage abusif, notamment aux États-Unis.
"Arkansas"
Mc Solaar, 2001
C’est aussi le cas dans «La concubine» dans lequel il fait écho à de nombreux conflits très meurtriers, comme la guerre du Vietnam. Ce rappeur s’implique activement et mêle son auditoire dans sa lutte en lançant un cri d’alarme à ces derniers pour les sensibiliser et les pousser à réagir. Il dénonce ainsi le fléau qu’est la guerre et emploie de nombreuses figures de style dans ses chansons pour toucher son public.
"La
concubine" Mc Solaar, 1995
L’engagement
contre la guerre se dénote aussi dans le graffiti. Reprenons
l’exemple de la guerre au Vietnam : durant ce terrible massacre,
une photographie très célèbre de Phan Thi Kim Phuc, petite
vietnamienne brûlée au napalm fit le tour du monde. Cette image
choquante fut reprise pas Banksy, le fameux graffeur à l’identité
inconnue, à laquelle il ajouta deux personnages symboles de la
mondialisation et du capitalisme : Ronald McDonald et Mickey Mouse.
"Napalm" Banksy, 1994 |
A
travers cette représentation se dégage le sentiment d’écraser
tout ce qui peut s’opposer à ces deux fondements du nouvel ordre
mondial. La guerre est donc un sujet alternatif dans le monde du
graffiti et se retrouve fréquemment de nos jours dans des pays en
conflits, tels que la Syrie. En effet, les murs Syriens sont
recouverts de graffiti alternant entre pro et anti-gouvernementaux.
Ces messages s’inscrivent donc dans la lutte pour la paix et la
liberté.
Syrie, 2012 |
Syrie,
2012
Le
respect d'autrui est donc un principe fondamental de la culture
de rue, contrairement à l'image qu'elle peut habituellement
dégager. Le mouvement hip-hop est empli de valeurs positives
qu'il tente de diffuser grâce à des artistes engagés.
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