La volonté d'une unité au sein des populations est un principe fondamental de la culture hip-hop. Ce mouvement englobe trois thèmes principaux : le graffiti, le rap et la danse. Cette valeur se retrouve dans « La Déclaration de Paix de la Communauté Hip-Hop» dont nous avons abordé les fondements précédemment. En effet, l'article 11 affirme que la «Hip-hop Kulture» ne connaît aucune barrière, qu’elle soit culturelle, religieuse ou raciale. Elle prône la solidarité entre tous les acteurs, quels que soient leurs bagages, et elle encourage la collaboration afin d’obtenir la paix.
réalisé par Shreezan Shrestha à Katmandou, Népal
- Le combat contre le racisme
Le hip-hop est au cœur d'une lutte sociale quotidienne. Cette culture est née dans les quartiers pauvres de New York dans les
années 1970, où la population noire vivait dans d'épouvantables conditions et était perpétuellement exposée aux propos racistes.
C'est
pourquoi ce mouvement est très engagé dans la lutte contre le racisme et toute
autre forme de discrimination. L'art de rue est vu et entendu par
tout le monde. La culture hip-hop diffuse donc des messages à
la société en s’exprimant à travers les talents de ses artistes.
Nombreux
sont ceux qui prennent part à la lutte contre le racisme en
s'engageant activement dans diverses associations ou actions
collectives.
Fait par un mouvement anti fascistes
C'est le cas du chanteur et danseur afro-américain, James Brown, qui est l'un des pionniers du hip-hop. Il a été l'une des premières personnalités à revendiquer ses origines africaines aux États-Unis. Il exprime donc son refus du racisme, notamment dans le titre «Say it loud I'm black and I'm proud» sorti en 1968. Ce titre est très vite devenu fédérateur pour les personnes noires.
"Say it loud i'm black and i'm proud", James Brown, 1968
C'est
également le cas du morceau «11,30 contre les lois racistes» ,
d’après une idée de Jean-François Richet, au profit du
«mouvement de l'immigration et banlieues». Cette chanson a été
réalisée en 1997 dans le but de dénoncer des lois discriminatoires, de
nouveau d’actualités avec la mise en place des lois Debré. Ce
morceau démontre l'implication du monde du rap dans les débats de
société.
"11'30 contre les lois racistes", 1997
De
plus en Mai 2011, l'association «SOS racisme» a fait appel à 84
grands artistes internationaux (peintres,
sculpteurs, colleurs, graffeurs) issus de l'art de rue et
réunis autour du thème « Touche pas à mon pote ». Ils ont donc
exposé leurs œuvres au Palais d’Iéna. Cette exposition, ouverte
à tout public, a été conclue par une vente aux enchères
caritative. Les bénéfices de cette vente ont permis d’engager des
actions concrètes pour améliorer l’accès de tous à l’emploi,
à l’éducation, au logement et à la justice.
"Touche pas à mon tag", graffiti pour "SOS racisme", 2011 |
Cette
lutte pour l'unité raciale est universelle et le principe d'égalité
est l'un des piliers du mouvement hip-hop.
Ainsi,
en Espagne, une campagne de sensibilisation intitulée «rap contra
el racismo», c'est à dire «rap contre le racisme», a été
présentée en 2011 dans plusieurs écoles et entre les jeunes, pour
combattre cette forme d'inégalité. Le projet est centré sur une
chanson et un vidéoclip réalisés avec la collaboration de plusieurs rappeurs espagnols. Cette campagne a été promue par l'ONG
«mouvement contre l'intolérance», qui vise principalement un public
étudiant, dans le but de changer les mentalités à propos du
racisme.
"Rap contra el racismo", 2011
Le hip-hop a donc aidé de nombreux artistes victimes de ces discriminations. Ceux-ci se sont réfugiés dans ce mouvement et ont décidés d'exprimer la réalité urbaine.
De
nos jours, une multitude d'individus souffrent encore de telles
situations. Ils s'identifient généralement à des artistes devenus
célèbres et qui viennent de milieux modestes, comme Jay-Z par exemple. En
effet, ce rappeur aujourd'hui multimillionnaire, a connu une
enfance très difficile dans un quartier pauvre de Brooklyn.
C'est
donc principalement à travers le chant et le graffiti que les artistes
de rue dénoncent ces discriminations, dont le racisme, en
diffusant des messages qui visent toute la
population. Ces artistes sont souvent très engagés dans diverses
associations. Leurs actions sont très importantes et la plupart des individus comptent
sur eux pour exprimer tout haut ce que le monde pensent tout bas.
- La place de la religion
La
religion est un point très important de la culture hip-hop. En effet
le respect de la religion d'autrui est une valeur capitale de ce
mouvement.
Le
hip-hop n'est rien d'autre qu'une véritable organisation religieuse. Comme nous l'avons abordé précédemment, c’est dans les années
70 qu'Afrika
Bambaataa participa activement au développement de la culture de rue. Il fonda le hip-hop sur la base des enseignements
Zulu et ceux de l'Egypte antique. Il créa donc par la suite la «Zulu Nation».
Le hip-hop est alors tout simplement une
renaissance des croyances Zulu et égyptiennes.
KRS-one ou «The Teacher», grand pionnier du rap américain déjà abordé précédemment, a sorti
en 2002 «Spiritual Minded», un album glissant vers un
moralisme chrétien du gospel rap. C'est à travers cet album que KRS-one livre ses convictions religieuses dans le but d’évangéliser
ses auditeurs.
"Spiritual Minded", KRS-one, 2002 |
De plus, KRS-one a rédigé en 2009 «The Gospel of hip-hop» qui signifie «l'évangile du hip-hop». Cette véritable bible de 800 pages est le premier instrument de KRS-one. Ce chef d'oeuvre philosophique traite de la foi et de la pratique du street art en tant que religion à part entière.
L’ouvrage prodigue également des conseils de transmission, de
préservation et de développement de cet Art divin, au nom du
«Temple of Hip-Hop».
Ce
manuel spirituel conçu pour les citoyens de l'art de rue, «The Hippopas»
, combine une philosophie classique avec la foi et une
connaissance pratique, ce qui amène à une exploration fascinante et
approfondie du hip-hop.
"The Gospel of Hip-Hop", KRS-one, 2009 |
Nombreux
sont les artistes qui prennent part à la religion qu'est le
hip-hop tel que Kanye
West, compositeur , rappeur et producteur américain. Cette figure
emblématique de l'art de rue a affirmé que "le
Hip-Hop est une religion dans
une certaine mesure. Les
rappeurs sont les prédicateurs,
et la
musique c’est les écritures… C’est
comme l’église…"
De même, Eryka Badu, grande chanteuse de r&b et hip-hop a déclaré que "le hip-hop est adoré plus que tout… Je vois, lorsque je voyage, des gens prier différents dieux, pour différentes choses, dans des lieux différents. Nous ressentons la même chose en nous en écoutant cette musique. Nous sommes inspirés à faire quelque chose, pour agir, pour changer… Et c’est ce que la religion fait aussi! Et le hip-hop est la plus grande des religions!"
Le
hip-hop serait-il alors la nouvelle religion du 21ème siècle? S'imposerait-il comme la nouvelle religion dominante du monde?
C'est ce qu'affirme KRS-one. Il proclame alors que sa bible deviendra la nouvelle religion sur cette terre et nous libérera de toute ces «absurdités». Son livre serait alors définitivement la nouvelle bible; l'ouvrage le plus vendu au monde et peu importe ce que pense Dieu, le hip-hop deviendra la nouvelle religion du monde.
La
religion est donc omniprésente au sein de cette communauté. Sans elle, ce mouvement n'aurait sans doute pas la même
signification. Dieu est un refuge pour ces artistes, un
secours qui ne manque jamais dans la détresse.
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