Dans
le monde entier, une multitude de messages représentant le racisme, la
violence, la pauvreté et d'autres problèmes sociaux abondent dans
nos rues et sur les murs de nos villes. En effet, ces messages
premièrement destinés à emmener la population à une réflexion
sur ces faits, prouvent aussi une vraie volonté pour certains groupes
sociaux de se faire entendre. De nombreux artistes affirment donc que
le mouvement hip-hop se prête au discours sur des questions qui entourent
l’injustice sociale.
La dénonciation des abus de pouvoir
A
travers l'art de rue, tel que la danse, le rap et le graffiti, les
individus peuvent exprimer leur opinion, leur idéologie et
leur mécontentement sur divers sujets. L'injustice sociale est donc
l'un des thèmes primordiaux évoqués dans le mouvement hip-hop et recouvre
toutes les sortes d'abus de pouvoir sur la société. En effet, la plupart des
artistes de rue sont soulevés par l'envie de se faire entendre et d'instaurer une vie plus égalitaire entre les populations. Ils dénoncent ainsi les abus de pouvoir dont doivent souvent faire face les
classes populaires. Cette motivation est étroitement liée avec un
certain désir de provocation, sinon d'opposition, et peut notamment
se doubler d'une volonté de s'inscrire dans la société.
L'une des plus grandes représentation visuelle qui dénonce ces abus de pouvoir est l'ancien mur de Berlin, qui séparait la démocratie libérale (RFA) de la dictature communiste (RDA), des années 1961 à 1989. C'est ainsi qu'au début des années 1980, pour la première fois, des peintures recouvrent le mur de haut en bas sur plusieurs centaines de mètres de longueur. Il est alors recouvert de gigantesques fresques. Le mur de Berlin, qui avait pour but de séparer et d'isoler les deux Allemagne, est devenu grâce aux graffeurs un mur d'échange visuel grâce à des œuvres picturales qui décrivent et critiquent la société. Les dessins de cette époque ont pour fonction de retranscrire le mouvement de révolte contre les abus de pouvoir par le bloc soviétique. Enfin, même si certains graffitis sont traduits par du simple vandalisme ou de l'incivilité, ces actions sont d'après certains sociologues, une manière d'affirmer son existence (« je casse donc je suis »). Certains jeunes peuvent en effet trouver à travers le graffiti un désir de revanche sur la vie et d'affirmation de soi, ou encore un moyen d'oublier la morosité et la tristesse de leur vie.
Mur de Berlin, Allemagne |
En
contrepartie, le rap constitue lui aussi une place importante dans la
lutte contre les abus de pouvoir. En France, les jeunes des
cités, bien que différents des ghettos américains, se
reconnaissent instantanément dans cette forme d’expression. Ces
jeunes sont ainsi partagés entre espoir et impuissance mais sont
prêt à la rébellion par les mots contre cette société
inégalitaire. En effet, plusieurs rap et chansons dénoncent ces abus, qui d'après eux, sont de plus en plus
nombreux et sont favorisés par l'écart de richesse au sein de la population.
Dans l'album «Le regard des gens» du rappeur français Tunisiano,
le titre «Je porte plainte» accuse l'Etat d'être responsable de ces
abus. Ce titre créa une polémique pour son contenu: des paroles
crues et accusatrices envers les brutalités policières. En voici
ci-dessous un extrait:
«Je
porte plainte
Oui
la jeunesse en a marre
Lève
ta main, lève ton doigt, lève ton sbar !
Je
porte plainte
Contre
vos abus de pouvoir
Qu'il
s'agisse ou non de faire votre devoir.»
(extrait
«je porte plainte» de Tunisiano)
Suite
à ces chansons provocantes et parfois caractérisées par la
violence, le rap est alors stigmatisé comme étant une musique faite
«par des délinquants pour des délinquants», notamment par les
non-adeptes. Il reste malgré tout, un art de la parole, qui a pour
but principal d'évoquer ce mépris et cette injustice ressentis par
une partie de la société.
Le rejet de l'exclusion sociale
Dans le début des années 1970, loin des banlieues aisées, le hip-hop est né, soulevé par l’envie de revendications dans les quartiers pauvres du Bronx aux État-Unis. Cette population défavorisée, soumise à une exclusion sociale, s’appuie donc de l’art de la danse, de la parole et du visuel pour se faire entendre. Il y a en effet un décalage de plus en plus grand entre les politiques et les populations.
De
nos jours, ces messages revendiqués ont peu évolué. En France, de nombreux artistes manifestent donc leur
sentiment d’abandon par la société, traduit par une exclusion
sociale. Le
groupe de rap français IAM, exprima dans ses premières chansons
des messages liés aux batailles des immigrés de banlieues, vivant
dans des conditions socio-économiques très difficiles, ainsi que
sur leur exclusion sociale. Ce phénomène peut donc être illustré à travers l’exemple de
Marseille, qualifiée de «ville hip-hop». En effet, lassés d’un
décalage entre politiques et population, les artistes de rue
dénoncent le mépris du hip-hop et l’oubli des classes populaires
dans les choix socio-économiques de 2013 et plus généralement dans
la politique marseillaise. Imhotep, grand architecte sonore d'IAM,
affirma donc lors d'une interview: «Dommage
que dans une ville comme Marseille on n'ait pas donné au hip-hop la
place qu'il mérite [...] D'autres villes en France ont pourtant
compris l'intérêt de ce mouvement culturel en temps que vecteur
d'apprentissage, et créateur de lien social. [...] Les institutions
culturelles à Marseille ne sont pas encore prêtes à envisager le
hip-hop comme un mouvement culturel majeur du XXIe siècle. On est
encore victime de ces à priori négatifs qui collent au hip hop
depuis ses origines [...] parce que cette musique vient des quartiers
pauvres». La
France et plus généralement les pays du monde ont donc du mal à
accepter le hip-hop comme étant un art à part entière, au plus
grand regret de ces artistes engagés.
Quand
aux danseurs hip-hop, ils se font plus discret face à ces
revendications, même si elles sont toujours présentes. En effet, à
la naissance du mouvement, la plupart des pratiquants de cette danse
viennent des quartiers défavorisés. La danse est donc
pour eux un exutoire et le moyen d'exprimer leur sentiment
d'exclusion face à leurs conditions de vie difficiles. De nos
jours, la danse hip-hop est pratiquée par toutes les catégories
sociales sous l'influence commerciale. Ainsi, cet art est désormais
plus banalisé et accepté par la société contrairement aux
graffitis et au rap.
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