Interviews



Interview de Ricardo MANQUANT, professeur de danse hip-hop: 



 Ricardo MANQUANT


•Quelles ont été les motivations qui t’ont poussé à pratiquer la danse?

«J’ai grandi dans ce milieu et ai été initié par les grands de mon quartier. J’ai tout d’abord débuté par le rap, car j’appréciais la gestuelle des chanteurs. Puis je me suis tourné vers le graffiti et finalement vers la danse pour son côté acrobatique qui est très impressionnant. Cette culture urbaine est un ensemble, et j’y ai trouvé ma voie.»



Quels messages essaies-tu de véhiculer à travers ton art?

«J’essaie de faire comprendre à tous que chacun peut y trouver son domaine de compétences, trouver sa propre histoire et son propre style. Cet art est destiné à tout le monde.»



Comment penses-tu être perçu par la société? Penses-tu qu’il y ait une évolution du point de vue de la population à l’égard du mouvement hip-hop?

«Bien évidemment, le regard du public a changé quant à la culture hip-hop: aujourd’hui elle est presque associée à de la danse contemporaine! De plus, lors des débuts du hip-hop en France, à l’occasion d’une représentation de danse, nous n’attendions que la fin pour profiter de la scène et nous entraîner! Alors que de nos jours, ces représentations sont destinées à un public plus instruit, en «costume-cravate». De même, la culture de rue n’est pas un effet de mode, elle possède une véritable histoire et était à l’origine une lutte contre l’échec social dans les quartiers pauvres aux États-Unis. De nos jours, le phénomène hip-hop se retrouve de partout: dans des clips, des spots publicitaires, des vidéos sur Internet… Il y a donc une ouverture d’esprit des danseurs comme du public sur cet art.»



Penses-tu que la culture hip-hop doit être ouverte à tout public ou doit être restreinte à certains groupes de personnes?

«Oui, il est clair qu’elle doit être ouverte à tout public car tout le monde doit pouvoir en profiter, quelque soit le niveau social car ce n’est pas une barrière. La culture de rue est très ouverte. Cependant, elle est aujourd’hui très commerciale, ce qui est assez paradoxal avec l’idéologie de base.»


Le 30 janvier 2013





Interview de Reno, membre de La Coulure:




•Quelles ont été les motivations qui t’ont poussé à pratiquer le graffiti?


«J’aime dessiner depuis que je suis tout petit, et c’est ainsi qu’adolescent, ça s’est fait naturellement. J’étais à la recherche de nouvelles sensations, avec un côté rebelle et le graffiti m’a semblé une manière de m’affirmer différemment. J’écoutais du rap, mais je n’étais pas non plus vraiment dans le milieu hip-hop. J’ai débuté à L’Isle d’Abeau, puis vers mes 15 ans, j’ai commencé à me déplacer sur Lyon pour acheter des bombes dans des magasins  spécialisés. J’ai donc rencontré des graffeurs, qui m’ont aidé à mieux le découvrir.»



 



Quels messages essaies-tu de véhiculer à travers ton art?

«A l’origine, je pratiquais la peinture sauvage, illégale. Il n’y avait aucun message défini. Mais cette pratique était tout d’abord pour le plaisir et sans doute pour exprimer un mal-être. Aujourd’hui, avec La Coulure, notre message est purement esthétique: nous représentons des univers enfantin et humoristique. En effet, le monde est brute et nous menons donc une démarche d’ouverture pour se créer une identité visuelle. Cet art nous permet aussi d’échanger avec le public tout en nous exprimant.»



•Comment penses-tu être perçu par la société? Penses-tu qu’il y ait une évolution du point de vue de la population à l’égard du mouvement hip-hop?


«Je pense effectivement qu’il y ait une évolution: il y a dix ans, lorsque des individus prenaient des graffeurs sur le fait, ils avaient tendance à appeler la police! Alors qu’aujourd’hui, nous sommes mieux perçus grâce à la prise de contact avec le public. De même, auparavant, nous n’avions pas vraiment de reconnaissance de la part de la société, ce qui a beaucoup évolué. Contrairement à ce qui peut se dire, je ne pense pas que l’art de rue perde de son âme, car sa commercialisation n’empêche pas que le monde ‘underground’ reste très important dans cette culture. Les graffeurs ont tendance à se critiquer entre eux pour l’opposition entre les artistes légaux et illégaux, mais cette critique dépend de la vision de chacun. Par exemple, à l’origine, je ne pratiquais que l’art illégal et lorsque j’ai reçu ma première commande il y a dix ans, je n’ai pas particulièrement aimé peindre de cette nouvelle manière. Puis j’y ai trouvé un équilibre et je pense maintenant que l’évolution de cet art est nécessaire et c’est donc pourquoi j’entreprends de nouvelles démarches.»



•Penses-tu que la culture hip-hop doit être ouverte à tout public ou doit être restreinte à certains groupes de personnes?

«Je suis pour que l’art de rue soit accessible à tout le monde, et ne soit pas réservé qu’aux initiés.»





Le mercredi 6 février 2013



«Sales Gones» de La Coulure

Photographie de Johan Faure





Interview d'Alric SIGO, danseur, auto-entrepreneur et ancien professeur de danse hip-hop:


Alric SIGO




Quelles ont été les motivations qui t'ont poussé à pratiquer la danse?


hip-hop sur youtube et elles nous ont donnés envie de pratiquer cet art. Du coup, nous avons monté notre groupe petit à petit, pour se rejoindre et danser entre nous.»



Quels messages essaies-tu de diffuser à travers ton art?

«J'aimerais avant tout faire comprendre à chacun que la danse est un art, et non pas seulement un phénomène de mode pour se donner un style. De nombreux clichés sont attribués à cette danse comme le fait qu'elle se crée un style bling-bling. Mon message est donc de montrer la danse hip-hop telle qu'elle est, c'est à dire une danse enrichissante et porteuse de valeurs.»



•Comment penses-tu être perçu par la société? Penses-tu qu'il y ait une évolution du point de vue de la population à l’égard du mouvement hip-hop?

«Il y a 10-15 ans de cela, le mouvement hip-hop était vraiment un art mal compris par la société, notamment la danse, qui, comme je l'ai dit auparavant, était très stéréotypée. De nos jours, je peux donc dire qu'il y a une évolution: la société s'est vraiment démocratisée, et est beaucoup plus ouverte d'esprit qu'avant.»



•Penses-tu que la culture hip-hop doit être ouverte à tout public ou doit être restreinte à certains groupes de personnes?

«Bien sur que non! La culture hip-hop doit être ouverte à tout le monde! Et je trouve ça plutôt cool justement de voir danser des personnes de différents cultures, de différents styles et de différentes tranches d'âges. Cela nous permet vraiment d'échanger avec les autres. Il m'est déjà arrivé d'enseigner la danse hip-hop à des personnes de 40-50 ans qui voulaient découvrir autre chose de ce qu'ils ont l'habitude de voir, ou encore qui désiraient se «moderniser» et simplement s'amuser tout en dansant.»



 Le lundi 11 février 2013







Interview de Lhomé, rappeur :



•Quelles ont été les motivations qui t'ont poussé à pratiquer le rap/slam?

"L'amour des mots, la découverte de la poésie, l'envie de partager des émotions ont été mes moteurs pour écrire et grandir dans ma vie d'homme. Le rap est une forme musicale tandis que le slam est une façon de faire de la poésie. Les deux styles, qui sont pourtant très différents, se retrouve autour de l'écriture, après ce sont deux interprétations très distinctes avec des codes notamment, surtout pour le rap."


•Quels messages essaies-tu de diffuser à travers ton art?

"A travers mon art j'essaie de partager les choses de la vie qui me questionnent, qui me heurtent, me blessent, me révoltent ou me fascinent. C'est une écriture très subjective, personnelle que je pratique, c 'est aussi un besoin de confier ce qui se trouve quelque part entre mon coeur et ma
tête. Dans mon album, j'ai abordé les thème de l'amour,de la féminité, de la solitude existentielle, de la pédophilie, du racisme..
Je suis ancré dans la réalité et je défends, dans ma musique, des thèmes humanistes."



•Comment penses-tu être perçu par la société? Penses-tu qu'il y ait une évolution du point de vue de la population à l'égard du mouvement hip-hop?


"Je suis un artiste, souvent nous sommes perçus soit comme des chanceux, des gens qui mènent une vie de stars, soit comme des fainéants, des gens qui ne veulent pas travailler, des arnaqueurs.
La téléréalité n'a rien arrangé à cette perception et il est clair que la vérité d'un artiste n'est pas le confort et l'opulence mais le travail et les sacrifices.
Pour ma part je ne suis pas très connu, je suis un artiste de niveau régional, je ne passe pas sur de gros médias et donc ne m'expose pas.
Je suis un artiste pédagogue donc une grande partie de mon travail se fait au contact des jeunes.
Je ne sais pas comment "Lhomé" est perçu par la société. Par contre je sens que les gens qui m'apprécient, me soutiennent ou suivent mon parcours, le font par ce qu'ils croient en moi et pas parce que je suis un phénomène de foire, une nouvelle coqueluche.
Et oui il y a une très grande évolution en trente ans! Le mouvement hip-hop s 'est complètement imposé au paysage urbain et ça a commencé par une de ces formes qu'est le graffiti. A la base c 'est un art vandale qui consiste à signer son nom sur tous les murs de la ville, aujourd'hui on retrouve des graffitis partout, sur les murs, les tee-shirts, les logos, la décoration d'intérieur, à la télé, dans les publicités... Ensuite pour ce qui est de la population en elle même, je ne saurais dire si elle a accepté le hip-hop réellement. Les temps changent et je vois des changements positifs donc je ne suis pas inquiet."


•Penses-tu que la culture hip-hop doit être ouverte à tout public ou doit être restreinte à certains groupes de personnes?



"Du fait de ses valeurs, (respect, tolérance, partage..) et de ses leitmotivs: Peace, unity, Love and havin'fun, la Culture Hip Hop est ouverte à tout public sinon elle n'aurait pas conquis la planète en seulement 30 ans, alors qu'elle part du Bronx et du Queens qui ne sont que des quartiers newyorkais.
Comme on a pu souvent le constater elle veut sortir des jeunes de l'enfer des gangs, et offrir un véritable moyen d'expression.
La culture Hip-Hop a offert à plusieurs générations une possibilité d'exprimer ce qu'elle était."

Le vendredi 15 février 2013


"J'écris" de Lhomé







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire